Echange avec Louis Artiges de La Chimérathèque

Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre chaîne YouTube ?
Je m’appelle Louis et sur ma chaîne Youtube, La Chimèrathèque, je parle de cinéma mais pas seulement. J’essaye d’appuyer mes propos sur mes lectures, en psycho, socio, narratologie etc.. Petit point sur le nom parce que souvent on le trouve compliqué : c’est simplement Chimère avec le suffixe thèque.

Dans quelques unes de vos vidéos vous critiquez Marvel et le cinéma grand
spectacle. Vous vous en prenez au phénomène de l’identification, qui ne permet pas
réellement une prise de conscience. Pouvez-vous en dire plus ?

Je dirais que le marketing Marvel écrase ses possibilités artistiques.
Ce n’est pas des films devant lesquels on s’ennuie, mais on est jamais surpris, lorsqu’on en a vu un, on les a tous vu. Chaque film, j’ai l’impression que c’est la publicité du prochain.
Je trouve les films dévitalisés et la mise-en-scène plate. Dans le cinéma grand spectacle, il y a beaucoup de choses mieux réalisées. Ce n’est pas le cinéma qui m’attire le plus mais je n’ai rien contre. Et ce n’est pas une question non plus de scénario. Je préfère regarder The Raid ou un John Wick qui assume ne pas vouloir dire quelque chose mais juste proposer une expérience de cinéma. Il y a une très belle vidéo de Every frame is a painting qui parle de Marvel et qui est assez intéressante.
Pour l’identification c’est une des théories de Bertold Brecht, qui lui oppose la distanciation.
Très très résumé, il voulait que le spectateur soit conscient de ce qu’il regarde et donc briser le 4eme mur.
Bien sûr une œuvre va nous toucher particulièrement lorsqu’on a vécu des choses similaires aux personnages mais il ne faut pas que ça soit une condition sine qua non pour apprécier une œuvre. C’est ce que vont faire beaucoup de films, marketer les personnages féminins pour les femmes par exemple, etc. Et puis ils vont quand même mettre un homme blanc cis genre, au cas où ! Par exemple Steve Trevor dans Wonder Woman ou le personnage de Martin Freeman dans Black Panther. Alors qu’ils ne sont pas nécessaires. C’est pour ça, je trouve, qu’il faut s’émanciper de vouloir à tout prix s’identifier parce que ça va finir par nous rendre moins souple d’esprit.
Après c’est toujours plus nuancé que ça, ça a surement des effets positifs et c’est très bien. Peut-être qu’il faut passer par là, mais il faut se rappeler que le but est de vendre un produit.
Le but d’un ou d’une cinéaste est aussi de nous transporter dans une expérience inédite. En tout cas c’est ce que je recherche dans un film. Je pense par exemple à EO qui est sortie récemment qui est hyper intéressant puisqu’on est dans la peau d’un âne quasiment tout le film. Ce film, c’est une preuve qu’on a pas besoin d’être proche physiquement, ni mentalement d’un personnage. Même si évidemment on projette des intentions humaines sur lui.

Avec des plateformes comme Netflix nous avons accès, au moins en apparence, à plus de contenu venant de divers pays et pas seulement americano-centré. Vous parlez de la culture de masse lors de votre dernière vidéo sur Avatar. Est-ce que ce genre de plateforme permet d’intégrer différentes cultures à la culture dite de masse ou au contraire elle l’uniformise ?

Je sais que Netflix pour ses propres productions a certaines demandes.
Par exemple, ils ne veulent pas trop de plans larges parce que les spectateurs regardent le film sur le téléphone. Je pense simplement que Netflix est un symptôme. Il a accéléré ce qui existait déjà. Il y a vraiment des bonnes choses et diverses sur la plateforme mais c’est rarement mis en avant. C’est aussi un cercle vicieux parce que quand tu es réalisateur.rice peu importe ton origine si tu n’as vu que des films américains et bien c’est le cinéma que tu vas reproduire. C’est certain qu’un algorithme qui propose des choses selon nos goûts ça ne pousse pas à sortir de sa “zone de confort cinématographique”.

Vous êtes aussi l’auteur de quelques court-métrages. Est-ce facile de se
faire financer et de diffuser un film ?

Je ne suis pas le mieux placé pour répondre. J’ai fait avec une amie, Sophie Chaffaut, une série de vidéos pour tenter de répondre à la question. C’est sur nos deux chaînes et ça s’appelle Cinéastes Trip. En France on a la chance d’avoir un très bon système. Il y a beaucoup d’aides des régions, beaucoup de concours, d’appels à projet. Et le CNC est vraiment bien. Ce n’est pas facile non, mais c’est possible. Aussi, il faut savoir qu’il n’y a que peu de marché pour les court-métrages, c’est fait pour mettre en avant des réalisateur.rices mais c’est un milieu non rentable.

Même question ou presque sur votre travail de poésie. Est-ce facile à publier ? Est-ce que cela touche un large public ?
Pareil, je ne suis pas un expert. Mais je dirais que non. Encore moins que pour les films. Quand je regardais pour des maisons d’édition en 2020, il y avait souvent sur les sites marqués “nous ne recevons plus de manuscrit jusque 2023”. J’ai donc fait une autoédition. Je pense que le chemin classique c’est de passer par des revues de poésie.

En guise de conclusion, je vous invite à découvrir trois vidéos de sa chaîne !

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